Non à la mort programmée des langues vivantes

Non à la mort programmée des langues vivantes / Annonces / Comprendre la réforme du collège / Commentaires


Visiteur

#1

2015-05-07 05:10

Merci de votre démarche ! Mon fils aîné va entrer au collège en section internationale allemand à la rentrée prochaine et j'espère trouver des clarifications à cette réforme que je n'ai pas pris le temps de lire en détails et dont j'ai beaucoup entendu parler sur des sites spécialisés sur Internet... J'attends avec impatience de prendre le temps de lire le vôtre.


Visiteur

#2 Re:

2015-05-07 07:24

#1: -  

 Merci pour votre message. N'hésitez pas à faire circuler l'adresse, il faut que l'information soit largement partagée.

profession professeur

#3 Le soutien du Président de la République à la réforme du collège

2015-05-07 07:54

Tous vos arguments sont excellents et dépassent le cadre des langues vivantes. Il faudrait, en effet, considérer le sort des langues anciennes, celui du français et, plus généralement, celui de l'enseignement secondaire qui commence avec le collège. Ils sont excellents et, malgré tout, le Président de la République soutient sa ministre de l'Education Nationale. Il y a, certes là, une part de "bonne" politique mais tout de même ! D'aucuns envisageront, peut-être, une explication par la "théorie du complot" contre l'esprit de l'école au profit des seules considérations économiques nationales et internationales mais il semble que, pour une bonne part, bien des politiques soient sincèrement d'accord avec une réforme qu'ils considèrent comme un progrès. Il s'agit, selon eux, de briser l'immobilisme, le campement du corporatisme et de mettre fin une fois pour toutes à "la reproduction sociale" - "concept" établi par Pierre Bourdieu et repris hier tel quel par M. Hollande. Allez lutter, avec ça, contre le cours des choses, les avancées sociales et la marche de la démocratie !

Il n'en reste pas moins que nous avons à faire avec une curieuse et dangereuse conception de la démocratie. Qu'est-ce qu'un peuple qui ne bénéficie pas dès l'enfance d'une sérieuse et rigoureuse instruction ? La réforme confond rigueur et rigidité et ne voit pas ce que l'absence de la première engendre comme démoralisation tant chez les élèves que chez les enseignants. Que sont, par ailleurs, des individus à qui l'on ne donne pas, au départ, les moyens qui, par la suite, leur permettront et de s'épanouir par eux-mêmes et d'être indépendants ? L'enseignement n'est pas un simple service public : il est la condition du lien entre liberté personnelle et liberté publique qui sont indissociables. En effet, on ne peut être individuellement et complètement libre dans une société qui ne le serait pas - qui, par exemple, serait entièrement dominée par les passions engendrées par l'ignorance laquelle enferme dans la mécompréhension de soi et des autres, de son pays et des pays étrangers, du passé et du présent, etc. - et une société ne peut être libre si ses membres ne le sont pas. C'est cela, aussi, la civilisation dont l'opposé est désormais bien connu : non pas une autre civilisation mais la barbarie et la sauvagerie qui sont, conjointement, mort du corps (terrorisme) et mort de l'âme (oppression des femmes, destruction des oeuvres d'art, interdiction de la musique, etc.).

L'enjeu est donc plus grand qu'il n'y paraît aux yeux de nos dirigeants. Il est politique au sens exact du terme. Il implique un choix de société qui, en même temps, est le choix du type d'humanité que l'on désire. Un philosophe dirait : que l'on doit établir.

Cette idée peut-elle être entendue ? Nos premières considérations ne sont-elles pas décourageantes ? Nombreux sont, toutefois, nos prédécesseurs qui ont eu maille à partir avec des obstacles bien plus grands encore. L'histoire ne donne pas de leçons mais on peut toujours en tirer. D'autre part, les politiques - si tant est qu'ils méritent ce nom tant soit peu - ne sont pas nos principaux interlocuteurs : le bien public est l'affaire de tous, en principe tout du moins. Telle est sans doute une des raisons majeures pour se mettre en grève le mardi 19 mai.

 

Professeur
Visiteur

#4

2015-05-07 09:47

Issue d'une région frontalière avec la Suisse (le Doubs) et ayant également une proximité avec l'Allemagne, beaucoup d'élèves du collège où j'enseigne l'anglais choisissent la classe bilangue. Comme ce collège se situe en milieu rural, nous ne rencontrons pas de difficultés majeures donc les élèves choisissant la classe bilangue sont issus de CSP (catégories socio-professionnelles) variées. Ils font ce choix car ils savent que leur avenir professionnel peut les amener à travailler en Suisse où l'allemand est un pré-requis pour quasiment tout emploi ou travailler en Allemagne. On sait aussi qu'apprendre l'allemand en LV2 ne donne que très rarement, voire jamais un niveau LV1 en fin de 3ème et ce n'est pas la demi-heure en plus de la réfore qui va changer cela...
De plus, dans les nouveaux textes on nous dit que les classes bilangues peuvent être maintenues uniquement dans les écoles primaires où l'allemand est enseigné. Dans notre département, elles disparaîtraient complètement pour la simple raison que les professeurs des écoles qui, pour certains, ne sont même pas au point avec l'anglais qu'on les oblige à enseigner, n'offrent qu'en très petite minorité l'allemand. Je n'ai pas de chiffres à donner mais je serai curieuse de savoir combien de professeurs des écoles arrivent sur le marché de l'éducation avec une certification en allemand. Dans l'école où vont mes enfants il n'y en a aucun. Dans les écoles primaires qui sont sur le bassin de recrutement de notre collège, il n'y a pas un seul enseignant avec une certification en allemand et si tant est qu'il y en ait un, comment pourrait-on commencer avec l'allemand en CE et continuer avec l'anglais en CM car ce n'est plus le même professeur ? Réponse possible : le professeur qui a la certification en allemand enseigne à toute l'école s'il est d'accord bien sûr et s'il s'en sent capable car avoir la certification n'est pas un gage de qualité (ceux qui ont une licence en langue ou ceux qui ont fait des stages dans le pays de la langue enseignée sont au top mais tous n'y ont pas eu droit ou n'ont tout simplement pas eu l'envie). Donc si l'on trouve l'enseignant volontaire ce peut être une possibilité de maintenir l'allemand en primaire en ville. En revanche, il ne faut pas oublier que dans les zones rurales, il y a ce que l'on appelle des RPI (regroupement pédagogique intercommunal) et les écoles sont séparés par des kilomètres ce qui empêche un éventuel enseignement des langues par un seul professeur des écoles.
Je ne suis pas entièrement opposée à cette réforme, elle propose de bonnes idées mais comme d'habitude, on déshabille Paul pour habiller Jacques donc dans ces conditions une réforme ne peut être réussie.


Anonyme

#5 Re:

2015-05-07 10:27

#4: -  

 Merci pour ces précisions sur l'enseignement des LV en primaire en zone frontalière et notamment en milieu rural.

Dans les discours, on a l'impression que les régions frontalières sauveraient leurs bilangues, on voit bien qu'il n'en est rien ! Me permettez-vous de faire circuler les informations que vous rapportez ? 


Visiteur

#6

2015-05-07 12:23

Merci de ce décryptage, clair, pédagogique. Je diffuse largement.

Profession professeur

#7 Re:

2015-05-07 12:38

#4: Professeur -  

 Cher collègue,

 

Vos informations sur les régions frontalières sont particulièrement instructives. Par ailleurs, je partage votre prudence : il ne convient pas de rejeter en bloc et sans discernement une réforme. J'ai cependant du mal à voir exactement les "bonnes idées" que vous lui prêtez car, au-delà, des problèmes horaires bien réels, il y a, aussi, toute une stratégie, comme les auteurs de la lettre ouverte le précisent d'emblée.

On envisage un renforcement de l'interdisciplinarité. Pourquoi pas, en effet ? Seulement, celle-ci ne suppose-t-elle pas, au préalable, une bonne maîtrise disciplinaire, pas si aisée à acquérir ? Si elle lui tourne le dos ou se présente comme porte d'entrée suffisante à cette dernière (cf., en particulier, les EPI ou la globalisation de l'enseignement scientifique), ne tombe-t-on pas dans le flou, le mou et l'arbitraire ?

On insiste sur "la pédagogie de projet"mais lorsque celle-ci est généralisée on aboutit à des monstruosités comme on ne le voit que trop, surtout quand elle est rendue obligatoire, en L.P. ou série STI2D au lycée : limitation de l'acquisition du savoir à quelques finalités pratiques bien définies censées (à tort) intéresser les élèves - on les considère facilement comme des mouches qu'on ne pourrait attirer qu'avec de la confiture - ou inféodation de l'individu au groupe auquel il est sommé de se fondre quitte à limiter ses qualités, ses goûts personnels et ses efforts (avec l'effort, on n'a affaire qu'à soi-même).

Encore une fois, l'interdisciplinarité et même le travail en petits groupes (en langues notamment) peut présenter un intérêt mais s'ils sont institutionnalisés, le professeur n'est plus libre de ses méthodes, sa propre culture n'importe plus et, enfin, il dépend de la politique locale de son établissement. 

C'est bien en cela que le projet de réforme modifie en profondeur l'institution scolaire et son sens.

 

Bien cordialement.

Lehrerin

#8

2015-05-07 14:34

Merci pour ce travail exceptionnel ! Je viens de transmettre le lien au ministère en Allemagne.

 

prof

#9

2015-05-08 09:04

Merci pour cet éclairage, cependant la focalisation sur l'allemand me hérisse. J'enseigne l'italien, nous nous battons depuis des années pour augmenter le nombre de nos élèves et cela fonctionne. L'Italie est notre second partenaire économique, après l'Allemagne, certes, mais de véritables besoins existent. Je suis une germaniste LV1 à l'origine, mais c'est toujours l'italien qui m'a permis de trouver du travail (j'habitais en Bretagne) avant de de devenir enseignante. Des accords existent aussi entre l'Italie et la France et j'aimerais que dans les exemples cités ne figure pas seulement l'allemand qui a profité bien longtemps de sa position élitiste de force, sans jamais considérer les autres langues. Après 10 ans de travail dans une entreprise privée, et 12 ans en tant qu'enseignante d'italien dans 2 voire 3 établissements, je suis fatiguée de devoir me battre au quotidien pour enseigner ma discipline. Et je ne me battrai pas avec mes collègues pour grapiller 1h ou 2H, basta! 

Oui à la pédagogie de projet, mais comment se réunir quand 10 des 40 enseignants sont sur plusieurs établissements, sans compter les temps partiels ? Que deviendront les élèves qui déménageront en cours d'année ou de scolarité ? (ça a été le cas, par exemple, de 10 de mes élèves de la 6ème à la 4ème), comment évaluer leur EPI ?

C'est la réforme de trop, je baisse les bras!

 


Visiteur

#10

2015-05-08 09:20

Où signe-t-on ?????????????

Anonyme

#11 Re:

2015-05-08 09:25

#9: prof -  

 N'hésitez pas à envoyer directement un message dans la rubrique contacts du site reformeducollege.fr pour proposez votre éclairage.

L'allemand est la langue la plus durement touchée parce que la plus représentée dans le dispositif bilangue, mais il n'est pas question de sacrifier l'enseignement des autres langues !


Anonyme

#12 Re:

2015-05-08 09:30

#10: -  

 Le site reformeducollege.fr n'est pas un site de pétition mais d'information. N'hésitez pas à en diffuser l'adresse largement.

Pour signer la pétition "Non à la réforme programmée des LV", allez sur l'onglet Lire cette pétition.

 

Ce message a été supprimé par son auteur (Montrer les détails)

2015-05-08 09:56


Profession professeur

#14 Re:

2015-05-08 12:15

#9: prof -  

Chère collègue,

 

Il n'est guère séant d'imposer abusivement sa présence mais les auteurs de la lettre insistent sur la nécessité de s'informer les uns les autres. Je reprends donc le clavier pour m'interroger sur une opinion que vous avez, évidemment, le droit d'émettre à propos de ce que vous estimez être le caractère positif de la pédagogie de projet.

Tout dépend, en effet, du point de vue auquel on se place. N'étant pas moi-même professeur de langues - mais l'enseignement d'une discipline ne peut être indifférent à l'enseignement des autres disciplines - et exerçant en lycée et non en collège, j'avoue que je peux comprendre que la pédagogie de projet puisse être adaptée aux LV (mais je n'en sais strictement rien : je ne vais tout de même parler de ce que j'ignore !). Comme, cependant, la réforme l'envisage pour bon nombre de disciplines, un piège redoutable - je ne sais s'il est volontaire - nous est tendu : que la question des LV soit considérée comme un problème à part. Il y aurait, alors, d'un côté, le problème de la quasi disparition de tout ce qui n'est pas anglais pour des raisons "mécaniques" et, de l'autre, la réforme du collège. Autrement dit, y a-t-il un ou deux problèmes ?

Ensuite, la pédagogie de projet soulève outre une difficulté théorique que j'ai quelque peu développée, une difficulté d'application à laquelle je n'ai fait qu'allusion. Partout où elle est pratiquée (lycées professionnels, séries STI2D et STMG par exemples non exclusifs) dans les disciplines non linguistiques, elle met les professeurs en situation de s'assurer sans cesse que les élèves ne choisissent pas la solution de facilité qui consiste à faire des copier-coller qui ne sont même pas lus, dans le meilleurs des cas, ou, dans les pires, à réaliser leur projet à leur place car, d'une part, ils s'intéressent assez peu à ce que quelques élites ont décrété intéressant pour eux et, d'autre part, l'enseignant s'estime responsable de la production finale à la fois par conscience professionnelle et par la nécessité d'éviter de trop mauvais résultats à l'établissement. Conséquence : les enseignants travaillent plus et les élèves moins ; ceux-ci ont de bons résultats mais ils n'apprennent rien. Je ne parle même pas de la difficulté à travailler en îlots au sein d'une classe.

Pour terminer, je crois que si tant de professeurs, comme vous, ont des conditions de travail dont on se moque, c'est que, précisément, on se moque de l'enseignement en général et, donc, des élèves en particulier. Ce ne sont pas des paroles creuses qui peuvent changer quoi que ce soit à cette réalité.

 

Très cordialement.

Professeur
Visiteur

#15 Re: Re:

2015-05-08 19:14

#5: - Re:  

Sans aucun problème !

Cordialement

Rosy

#16

2015-05-09 12:44

bonjour,

votre texte est clair et j'espère que de nombreux parents vont pouvoir y accéder, merci  !

Dans mon collège il existe la bilangue allemand et italien, si l'on considère les directives ministérielles il  serait possible que l'on autorise le prof d'allemand à aller en primaire afin que l'allemand puisse être enseigné en 6ème. Je m'interroge donc  : me donnera-t-on le droit, à moi prof d'italien, d'aller en primaire afin que l'on puisse maintenir l'italien en 6ème ?? 

 cordialement


Anonyme

#17 Re:

2015-05-09 13:45

#16: Rosy -  

 Rien n'est encore clair pour les langues en primaire, il est fréquemment question d'une carte des langues, qui autorisera l'enseignement d'une langue ou d'une autre en primaire (par qui ?), mais elle n'est pas encore connue... Ce ne sont pas les enseignants qui décideront...

Le site s'enrichit au fur et à mesure que les informations fiables nous parviennent.

 

Pour que les parents accèdent le plus largement possible au site sur la réforme, n'hésitez pas à diffuser le lien.


Visiteur

#18

2015-05-10 19:26

Bonsoir chers collègues,
Je souhaiterais connaitre quelques noms de ce groupe de travail avec mes remerciements.
Bien à vous
Lahcen kerkour

Anonyme

#19 Re:

2015-05-10 20:07

#18: -  

 Vous trouverez ici http://www.reformeducollege.fr/home/qui-sommes-nous

une réponse à la question Qui sommes-nous ?

Cordialement,

l'équipe de http://www.reformeducollege.fr

Camir

#20

2015-09-30 13:30

Nous votons pour des oligarques puis nous passons la durée de leur mandat à critiquer leurs décisions à l'aide des minables outils qui signent notre impuissance politique (dont les pétitions...). www.demo46.com