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/ #101 Arroseur détrempé

2011-06-11 20:33

#25: -

Arroseur détrempé

J.-JACQUES SAMSON

 

Le pamphlet de Denis de Belleval sur Régis Labeaume, Quebecor, la LNH, véhicule une rage intérieur et un mépris renversants.

 

Son attaque vicieuse est garnie de sous-entendus, de références malveillantes à des possibles actes criminels ou à des irrégularités dont du favoritisme, dans les négociations entre la Ville de Québec et Quebecor, comme il a pu en être révélés au cours des derniers mois dans d’autres municipalités.

M. de Belleval tombe aussi dans des jugements injustes et méprisants sur le maire Régis Labeaume et sur Quebecor Media, qu’il associe aux corporate welfare bums, ces entreprises assistées sociales millionnaires, selon une expression d’un ancien chef du NPD, David Lewis.

M. De Belleval s’est discrédité par cette charge aussi émotive, offensante et déraisonnable. Le bras droit de l’ex-maire Jean-Paul L’Allier est, en plus, particulièrement mal placé pour reprocher à qui que ce soit, entreprise ou individu, d’être suspendu aux mamelles des administrations publiques.

Parachutes dorés

Toute sa carrière s’est en effet déroulée au sein de celles-ci, à l’exception d’une courte parenthèse, de 1983 à 1985. Elle a en plus été favorisée par des accointances personnelles avec deux premiers ministres, Brian Mulroney et Lucien Bouchard, des anciens confrères de l’Université Laval.

Après son passage en politique comme ministre sous René Lévesque et sa démission en cours de second mandat, M. Mulroney l’a nommé à la direction de deux sociétés d’État fédérales, la Société canadienne des ports (1985-1987) et Via Rail (1987-1989) qu’il a quittée sur un différend, avec une indemnité de départ de 150 000 $.

On le retrouve ensuite à la direction générale de la ville de Québec aux côtés de Jean-Paul L’Allier, qu’il quitte en 1995, à nouveau suite à une mésentente, avec une indemnité de départ de 88 502 $, soit l’équivalent de six mois de salaire, plus 2 329 $ par semaine pendant trois mois additionnels.

Son ami Lucien Bouchard lui fournit alors à son tour un parachute : délégué général du Québec à Bruxelles, de 1996 à 1999, un poste que Jean-Paul L’Allier avait occupé quelques années plus tôt.

En 2001, après les fusions municipales forcées, son ami L’Allier le ramène à la direction générale de la ville pour cinq ans, à un salaire de 153 000 $, plus des bonis annuels pouvant atteindre 10 %, une allocation de fonction de 4 200 $ et une autre de voiture de 1 500 $.

Selon une compilation, entre 1985 et 1995, M. de Belleval a touché un quart de million de primes de départ successives provenant de fonds publics. Il touche aussi des prestations des généreux Régime de retraite des fonctionnaires, Régime de retraite de la législature puisqu’il a été député et ministre de 1976 à 1982, Régime de retraite de l’administration supérieure et du Régime de retraite de la ville de Québec, auxquels il a contribué.

Devrait-on alors parler de civil servant welfare bum pour désigner les membres de cette petite oligarchie qui s’échangent des postes de pouvoir? Dépassements de coûts

Ses leçons de gestion à MM. Labeaume et Pierre Karl Péladeau sont aussi pour le moins prétentieuses.

Divers projets ­pilotés par l’administration L’Allier-De Belleval ont donné lieu à des dépassements de coûts assez spectaculaires.

Ne pensons qu’aux dossiers de Saint-Roch ou du Palais Montcalm. Dans ce dernier cas, les coûts des travaux de ­modernisation sont passés du simple au double.

La Ville de Québec a aussi été la victime, entre 1995 et 2005, de cartels d’entrepreneurs qui complotaient pour souffler les prix des soumissions et se partager les contrats. C’est une enquête journalistique qui a mis au jour des pratiques criminelles malodorantes que la direction générale ne voyait pas.

Je saisis mal ce que recherche maintenant M. De Belleval. Peut-être une escalade de procédures judiciaires. Un vieux proverbe breton dit toutefois : qui pisse face au vent se rince les dents.