Chercheurs abandonnés, chercheurs assassinés : plus jamais ça, protégeons ceux qui œuvrent pour le savoir !
À l'attention de :
Son Excellence, Monsieur le Président de la République du Cameroun ;
Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement ; Monsieur le Ministre d'Etat ;
Ministre de la Justice, Garde des Sceaux ; Monsieur Ministre d'Etat ;
Ministre de l'Enseignement Supérieur ;
Madame la Ministre de la Recherche Scientifique et de l'Innovation:
Monsieur le Ministre de l'Administration Territoriale ;
Un évènement tragique sans précédent survenu le 05 mars 2025 vient de frapper la communauté scientifique camerounaise et internationale tout entière. L’annonce du décès de Monsieur MOUNSI Frédéric, chercheur au Centre de Recherches Géologiques et Minières (IRGM) de Garoua, de son camarade et ami, le Dr BELLO Bienvenue, enseignant à l'Université de Maroua, et leur guide local a été relayé abondamment par une vidéo devenue virale et plusieurs autres publications disponibles dans les réseaux sociaux et confirmé par la Cameroon Radio Television (CRTV) à travers les propos recueillis auprès du Préfet du département du Mayo Tsanaga.
En effet, les scientifiques concernés effectuant une visite de terrain pour la énième fois dans le cadre de recherches autofinancées, accompagné de leur guide ont été victime d’un lynchage suivi d’une incinération dans la localité du Mayo Tsanaga, région de l’Extrême-Nord. Sieur Mounsi Frédéric effectuait ainsi une mission officielle de huit jours à Soulédé-Roua, zone dans laquelle il collectait des données complémentaires pour des travaux scientifiques. Dans plusieurs régions du Cameroun, particulièrement celles marquées par des crises sécuritaires, les chercheurs sont exposés à des dangers graves et travaillent dans des conditions extrêmes. En dépit de leur rôle crucial dans la production du savoir, la recherche et l’innovation, ils sont contraints d’autofinancer leurs activités au prix d’énormes sacrifices. Ces chercheurs, ont payé de leur vie l’engagement envers le progrès scientifique et le développement du pays. Cet état de fait est inacceptable !
Le savoir reste et demeure l’un des piliers du développement et du progrès d’une nation. Pourtant, au Cameroun, ceux qui consacrent leur vie à la recherche scientifique sont laissés pour compte, exposés aux pires dangers. Dans ces régions en proie à l’insécurité, les chercheurs risquent leur vie au quotidien, victimes de menaces, d’agressions multiformes et parfois même d’assassinats. Malgré ces conditions dramatiques, les pouvoirs publics continuent d’ignorer leur détresse.
Nous, Syndicat National des Chercheurs du Secteur Public (SYNAC) du Cameroun lançons cette pétition :
1. Pour dénoncer :
- L' absence de soutien institutionnel et financier aux chercheurs, les obligeant à recourir à des moyens personnels pour mener leurs activités ;
- Le manque de dispositifs et mesure de protection pour les chercheurs menant des travaux dans des zones à risques ;
- Les lenteurs et pesanteurs enregistrées dans le traitement des nombreuses revendications des chercheurs.
2. Pour demander solennellement :
- L’ ouverture d’une enquête minutieuse et transparente pour identifier les auteurs de ce crime odieux, qui devront impérativement être traduit devant la justice ;
- L'allocation d'un fonds spécial pour soutenir les familles des victimes ;
- L’ instauration d’un mécanisme de protection et d’accompagnement durable des chercheurs travaillant dans des zones sensibles ;
- La mise en place d'un dispositif de communication d’urgence et de protection des chercheurs, en collaboration avec les forces de l’ordre et les autorités locales ;
- Le financement suffisant et durable de la recherche scientifique pour garantir un travail de qualité et sécurisé ;
- La sensibilisation des autorités locales (autorités administratives et traditionnelles) et des populations.
La recherche scientifique est un pilier fondamental du développement de notre pays. Nous rappelons que les chercheurs sont au service de la nation et contribuent directement à son développement économique, social et environnemental. Leur sécurité est un enjeu national qui mérite une attention immédiate et des mesures concrètes. Nous ne pouvons pas accepter que ceux qui se consacrent à l’avancement du savoir de notre pays soient torturés et assassinés dans l’indifférence.
Obtenir justice pour nos collègues disparus est fondamental pour instaurer de nouveau un climat de confiance afin que la communauté scientifique camerounaise poursuive ses missions, au service du progrès et de l’épanouissement des Camerounais. Nous appelons toutes les personnes sensibles à cette cause à signer cette pétition et à se mobiliser pour un Cameroun qui protège et valorise ses chercheurs.
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