Pétition unitaire Classes Préparatoires aux Grandes Ecoles (CPGE)


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/ #3164 LE MONDE: Peillon repousse la réforme du temps de travail des profs de prépa

2013-12-12 09:39

Peillon repousse la réforme du temps de travail des profs de prépa
LE MONDE | 12.12.2013 à 09h08 • Mis à jour le 12.12.2013 à 10h18 |Mattea Battaglia et Aurélie Collas
Le « mammouth » est-il réformable ? La question se pose à nouveau, au vu du coup de frein sur les négociations concernant le métier d'enseignant. Inaugurées le 18 novembre au ministère de l'éducation nationale, celles-ci devaient aboutir à de premières décisions, jeudi 12 décembre.
Surprise, il n'en est rien. En tout cas pas en ce qui concerne l'épineux dossier des classes préparatoires aux grandes écoles. Selon les informations du Monde, le ministre de l'éducation nationale, Vincent Peillon, s'apprête à annoncer jeudi matin que les discussions sur le temps de travail des professeurs de prépas ne sont pas « mûres », et par conséquent qu'elles restent « ouvertes ». Reculade ? A plusieurs reprises ces derniers jours, en dépit d'une mobilisation inédite – 60 % de grévistes le 9 décembre –, le ministre a répété qu'il maintiendrait le cap. Qu'il mettrait en œuvre une réforme imposant aux enseignants de prépa soit detravailler plus, soit de gagner moins.
La seule mesure qui selon nos informations sera confirmée ce matin : les enseignants en zone d'éducation prioritaire (ZEP) bénéficieront d'un allègement de leurs « obligations de service », c'est-à-dire de leur nombre d'heures de cours par semaine. Aujourd'hui fixées à 18 heures, elles diminueront de deux heures environ, pour renforcer le suivi des élèves et le travail en équipe. « A terme, cette mesure concernera 300 établissements, un certain nombre, j'espère, dès la rentrée 2014 », se borne à préciser M. Peillon. En reportant à plus tard les arbitrages sur les classes prépas, le ministre entend démontrer que le financement de la mesure en ZEP ne dépend pas de la suppression de certains avantages en prépas. Autrement dit, qu'il ne « déshabille pas Pierre pour habillerPaul », contrairement aux critiques qui lui ont été faites.
L'ELYSÉE FREINE
Reste que le sort des 300 000 autres enseignants de collège et de lycée est laissé en suspens. Car pour eux aussi, les négociations, qui portent sur une redéfinition de leurs missions, sont au point mort. Comme si la crispation sur les 6 000 professeurs de classes préparatoires bloquait les évolutions dans tout le secondaire. Aucune mesure les concernant ne devait être annoncée aux syndicats, jeudi, alors même que la plupart d'entre eux jugeaient, la veille au soir, le dossier bien engagé.
Selon nos informations, c'est l'Elysée qui freinerait des quatre fers. Après un an de mobilisation sur les rythmes scolaires, et alors que les professeurs de prépas montent au créneau un peu plus chaque jour, il s'agit de calmer le jeu, d'éviter la contagion à tous les collèges et lycées. « On ne peut pas avoir trop de fronts ouverts en même temps. Réussissons la réforme de la formation des maîtres et celle des rythmes qui sont centrales dans la refondation de l'école et ne nous dispersons pas », estime Yves Durand, député (PS) du Nord et rapporteur de la loi d'orientation sur l'école votée cet été.
Sans compter que les professeurs de prépa ne manquent pas de soutiens. Les normaliens, ex-élèves de prépa, sont nombreux parmi les politiques, les chefs d'entreprise, les journalistes… voire au sein même du gouvernement. Dans les hautes sphères du pouvoir, beaucoup rechignent à s'attaquer à la formation des élites.
LES SYNDICATS SOUS LA PRESSION DE LEUR BASE
Côté syndical aussi, la pression est forte. Le SNES-FSU, premier syndicat du secondaire, a demandé expressément au ministère de poursuivre les négociations. Il a eu gain de cause. Le projet qui concerne les prépas est pour lui un point de blocage. « Il pèse sur l'évolution du reste des négociations », reconnaît Frédérique Rolet, cosecrétaire générale du syndicat.
Le « reste des négociations » n'est rien de moins que la réécriture du décret de 1950, qui réduit le métier d'enseignant de collège et lycée au nombre d'heures de classe – 18 heures par semaine pour un certifié, 15 heures pour un agrégé. Sanstoucher à ces volumes horaires, le ministère veut moderniser cette définition en prenant en compte toutes les missions de l'enseignant du XXIe siècle : préparation des cours, réunions avec les parents, conseils de classe, concertation entre collègues... Un changement symbolique, qui semblait faire consensus parmi les syndicats en novembre et qui, pourtant, ne passe pas.
« Les collègues craignent qu'une fois dressée la liste de toutes leurs missions, les chefs d'établissement leur imposent plus de tâches et de réunions », soutient Frédérique Rolet, du SNES, qui ne disait pourtant que du bien de la méthode prudente du ministère au début des négociations. Aujourd'hui, le syndicat relaie les craintes du terrain. Et exige, dans une pétition, une revalorisation salariale. «Reconnaître toutes les missions des enseignants, c'est bien, mais dans tous les sens du terme… On attend des mesures de revalorisation », conclut Mme Rollet.
Le SNES-FSU rattrapé par sa base ? « Ses militants semblent en partie refuserqu'on touche au décret de 1950, sorte de texte sacré pour eux, alors que, dans la hiérarchie du SNES, on a conscience qu'il faut le faire évoluer », confie un syndicaliste. Vincent Peillon, lui, veut encore y croire, malgré « les obstacles et les conservatismes ». Malgré, aussi, un budget qui ne permet pas de se projeter bien loin. Son horizon : une « grande réforme » des ZEP annnoncée en janvier.