"C’est à partir de cette méthode qu’avec Xavier Darcos nous avons commencé une révolution silencieuse. Nos travaux n’ont pas forcément été perçus sur le moment, mais ils ont eu des conséquences très importantes pour le système éducatif.
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En 1950, il y avait 10 % d’une classe d’âge au niveau du baccalauréat. Aujourd’hui, il y en a 75 % et le statut des professeurs est inchangé. Nous nous adressions, dans les années 1950 à une « élite ». Désormais, nous avons l’ensemble des Français présents dans les classes. Cela explique la rigidité du système.
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L’objectif de McKinsey a été de faire ressortir les facteurs clés de réussite. Qu’est-ce qui fait qu’un système éducatif dans un pays moderne passe de médiocre à moyen, de moyen à bien et de bien à très performant ?
En fait, il existe des clés, et ces clés, ce sont l’autonomie des établissements scolaires, la marge de manœuvre laissée aux acteurs locaux, la capacité des enseignants à travailler en équipe, à se réunir pour former un projet pédagogique adapté à leurs élèves, au lieu d’un système théorique qui sort des programmes et des directives du 110, rue de Grenelle. Enfin, c’est la personnalisation de l’enseignement que nous sommes capables de mettre en œuvre.
Lorsque vous prenez connaissance de cette note ainsi que du décret de 1950, vous ne pouvez que constater à quel point nous sommes totalement inadaptés par rapport aux besoins.
Notre mesure est de revoir ce décret de 1950. La transition entre le temps d’instruction et celui de présence dans l’établissement scolaire est nécessaire. Ce temps de présence devant être décomposé en plusieurs moments qui reflètent les missions des enseignants et leurs évolutions.
Aujourd’hui, l’enseignant instruit. Mais il a d’autres fonctions. Il doit d’abord travailler en équipe pédagogique, c’est primordial. À l’université, les enseignants chercheurs consacrent 2 ou 3 heures par semaine au travail d’équipe, à la réflexion pédagogique pour adapter leur projet aux élèves, pour inventer de nouvelles ressources, de nouvelles formes pédagogiques.
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Il est très important que l’enseignant ait du temps à réserver aux familles. Donc l’idée serait de passer d’un temps d’instruction – prenons un certifié: 18 heures par semaine – à un temps de présence dans l’établissement scolaire, qui pourrait par exemple être de 28 heures de présence au lieu de 18. Elles se décomposeraient en 21 heures. Cela pourrait donner, par exemple : 21 heures de cours classiques, 3 heures de cours complémentaires aux enseignants et 5 heures de présence supplémentaire dans l’établissement pour assurer ces nouvelles missions essentielles pour l’efficacité et la performance du système éducatif.
Ainsi, un certifié qui travaille 18 heures par semaine dans son collège ou lycée passerait à 26 heures décomposées en 21 heures de cours et 5 heures d’autres missions."
Luc Chatel.
http://www.fondapol.org/wp-content/uploads/2014/01/SeminaireBASTIAT-LucChatel-2014-01-28-b.pdf