Les petits chanteurs à la croix de bois en danger
Alors qu'aucune modification législative ou règlementaire n'est intervenue, l'administration du travail a
bouleversé les modalités d'application des textes qui encadrent depuis près d'une décennie les tournées des
Petits Chanteurs à la Croix de Bois. Si elles ne sont pas abandonnées, les nouvelles modalités imposées
condamnent à une disparition rapide cette institution créée en 1907, qui a permis en plus d'un siècle à des
centaines d'enfants d'accéder à une éducation centrée sur leur passion pour le chant et pour le voyage.
La Manécanterie a construit son modèle économique autour de décisions administratives jusque là
constantes, qui respectaient les besoins de son projet pédagogique.
Le revirement de doctrine de l'administration aboutit à rendre impossible l'organisation des tournées des
Petits Chanteurs à la Croix de Bois. Ces nouvelles règles ne correspondent ni au besoin des enfants dont la
motivation en tournée est de voyager et de chanter, ni à leur progression artistique fondée sur la régularité
dans l'effort individuel et collectif, ni aux possibilités de leur hébergement par des familles d'accueil, ni à
des conditions économiques supportables pour la Manécanterie.
Notre institution sans but lucratif développe, sans aide de l'Etat, un projet pédagogique unique pour
l'épanouissement de 80 enfants, que ce soit dans leur scolarité, dans leur sociabilité ou dans leur autonomie,
au sein d'une école de vie animée par la recherche de l'excellence dans la pratique du chant choral. Mais
l'administration ne voit plus dans nos petits chanteurs que des « jeunes travailleurs »... S'en remettre aux
seules dispositions de droit commun du Code du travail pour encadrer un projet pédagogique et éducatif qui
s'adresse à des enfants de 8 à 15 ans explique sans doute cette situation ubuesque.
C'est pourquoi la Manécanterie des Petits Chanteurs à la Croix de Bois a adressé au Ministre du Travail une
proposition de modification législative qui donnerait au préfet, sur avis de la commission pour l'emploi des
enfants dans le spectacle, la possibilité de déroger à tout ou partie des dispositions du Code du travail, mais
l'autoriserait également à prendre si nécessaire des dispositions de protection spécifiques non prévues par les
textes. Il s'agirait ni plus ni moins que de rendre au préfet et à la commission un droit au bon sens dans
l'exercice de leur rôle légitime de contrôle des conditions dans lesquelles des enfants participent à des
spectacles payants dans le cadre d'un projet pédagogique.
Le Chef de cabinet de Michel Sapin vient d'écrire à la Manécanterie que ce dossier est bien en cours
d'instruction au sein de son cabinet, en lien avec ses services. Un rendez-vous de travail est également fixé le
24 mai avec un conseiller technique du Ministre. La Manécanterie le remercie vivement de cette attention
promptement portée à ses difficultés.
Il y a urgence : sans retour à un certain bon sens, la France pourrait perdre dès la fin de cette année
scolaire 2012-2013 une oeuvre plus que centenaire d'éducation populaire de renommée mondiale.
Dans l'attente, la Manécanterie des Petits Chanteurs à la Croix de Bois adaptera ses tournées, mais au prix
d'une lourde perte financière qui la fragilise dangereusement.
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