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2012-03-19 19:16

Ils ne veulent plus être les parents pauvres de l'organisation territoriale en France. Mercredi 8 février, les maires ruraux ont adressé aux candidats à l'élection présidentielle un document fixant dix priorités pour la ruralité. "Nous souhaitons entendre les candidats sur ces propositions, et surtout les voir passer à l'acte, et non pas les oublier une fois l'élection passée", explique Vanik Berberian, président de l'Association des maires ruraux de France et maire MoDem de Gargilesse-Dampierre (Indre), qui déplore "une absence de volonté politique, depuis des années, pour intégrer la ruralité à l'aménagement du territoire".

Quelles sont les difficultés que rencontrent aujourd'hui les zones rurales ?

Les territoires ruraux sont confrontés à un manque de connaissance et de reconnaissance de la part de l'Etat. Ils sont traités avec une lecture urbaine et technocratique. Conséquence : ces zones souffrent depuis longtemps d'une absence d'aménagement du territoire qui se traduit dans tous les secteurs. Concernant la mobilité, indispensable au travail aujourd'hui, les habitants des zones rurales sont confrontés à une double peine : ils n'ont pas accès aux transports collectifs, trop chers pour des densités de population parsemées, et doivent payer un carburant au coût prohibitif. La solution serait d'utiliser les TER, mais avec les nouveaux cadencements, la SNCF a supprimé de nombreux arrêts dans des petites gares pour privilégier les longues distances.

>> Lire : Peut-on se passer des voitures hors des villes ?

Même constat en ce qui concerne les nouvelles technologies : le très haut débit est concentré dans les zones urbaines. Dans les zones périurbaines, les habitants peuvent encore avoir accès à du haut débit (512 Ko), mais au-delà, dans les zones rurales, il n'y a souvent plus de réseau du tout. Du côté de la santé et de l'éducation, on observe aussi un regroupement de l'offre médicale dans les pôles urbains, de même que pour les groupes scolaires, concentrés dans les chefs-lieux de canton.

Nous militons donc pour une meilleure prise en compte de la spécificité des territoires ruraux dans les politiques publiques, qui passe par le maintien de l'activité dans certains cas et son développement dans d'autres.

Comment peut-on davantage intégrer la ruralité à l'aménagement du territoire ?

Il manque avant tout une véritable volonté politique. Le président de la République en a fait le constat lors d'une réception avec les maires de France en 2009, lorsqu'il avait reconnu que l'aménagement du territoire était un "caillou dans [son] soulier". Mais depuis, il ne s'est pas passé grand-chose. Il y a seulement eu un éphémère ministère de l'aménagement du territoire, dirigé par Michel Mercier, qui a disparu avec le remaniement ministériel de 2010. Aujourd'hui, ces problématiques sont rattachées au ministère de l'agriculture, ce qui montre une méconnaissance de ce sujet et une approche bancale. Les territoires ruraux sont loin d'être seulement des territoires agricoles. L'aménagement du territoire englobe en effet aussi la question de la cohérence et de la complémentarité entre l'urbain et le rural. Tout cela n'est pas abordé par le ministère de l'agriculture de Bruno Le Maire.

Nous demandons donc la mise en place d'une mission interministérielle sur la ruralité, qui touche tous les domaines, qu'il s'agisse de l'éducation, de la santé, du développement économique ou de l'agriculture. Cette problématique doit par ailleurs être intégrée dans une vision de long terme et pas seulement avant les élections, lorsque les candidats cherchent des parrainages.

Quelles sont les principales priorités que vous fixez aux candidats à la présidentielle ?

La principale des priorités, c'est le développement du très haut débit sur l'ensemble du territoire avant la fin du prochain mandat présidentiel, soit en 2017 au lieu de 2025 comme prévu. Il ne peut en effet pas y avoir de développement en zone rurale, ni même de maintien de l'activité, sans cet équipement.

Nous souhaitons aussi que la charte des services publics en milieu rural, signée en 2006, devienne contraignante. Aujourd'hui, elle n'est en effet pas appliquée. Par exemple, elle prévoit qu'en matière d'éducation, les élus soient informés d'une fermeture de classe deux ans avant, et que la décision soit accompagnée d'une étude d'impact, ce qui est rarement le cas.

Nous demandons aussi une rénovation de la politique de l'habitat, pour inciter les populations à réinvestir les cœurs de villages et limiter l'étalement urbain dans des lotissements qui accaparent des terres agricoles. Enfin, l'accent doit être mis sur la vie associative, qui souffre de moyens, et l'égalité de traitement entre les élus urbains et ruraux. Aujourd'hui, pour toutes les dotations de l'Etat aux collectivités, l'urbain reçoit deux fois plus que le rural. Nous en avons ras-le-bol d'être considérés comme des demi-portions.